L'étoile de David

Asaf Avidan & The Mojos, Le Splendid de lille, 25 octobre 2011

Les lumières s’éteignent, bruissement dans la salle, Asaf Avidan entre en scène, seul avec sa guitare. Même s’il ne fait que l’ouverture du concert de Paul Personne, il est accueilli par de généreux applaudissements alors qu’il n’a pas encore joué : on devine, à ces manifestations et aux divers murmures, que nombreux sont ceux qui sont venus spécialement pour lui (ce qui était mon cas)

« Bonsoir, merci… »

Dans un français hésitant, Asaf s’installe sur le tabouret à côté de la table ronde au pied de fer forgé : première partie acoustique, seul en scène, puis accompagné au violoncelle (Pour Weak, The Devil & Me, Small Change girl et Out In The Cold), dans un décor intimiste  Et puis, tout commence : Tout en douceur avec Maybe you are. Je retrouve l’émotion que j’avais eu lorsque je l’avais vu, avec les Mojos au grand complet, dans un concert plus qu’intimiste dans un club lillois (Sur une péniche, histoire de faire « Ch’ti » jusqu’au bout) Les diverses conversations encore en cours s’éteignent, toute l’attention se reporte sur la scène illuminée par la voix sans pareille de l’artiste de Jérusalem, qui s’adonne avec plaisir à ses pirouettes vocales, plus impressionnantes encore sur The Reckoning, la deuxième chanson qu’il présente à ce public composé certes de connaisseurs, mais aussi et surtout de néophytes. La voix bondit, remplit la salle, roule, rocailleuse et légère, saute, douce et puissante. L’énergie qui se dégage de la scène captive, frappe les esprits, les visages s’illuminent, les yeux grandissent, rare sont ceux qui ne manifeste pas d’émotions face aux yeux pétillant et au sourire malicieux d’Asaf. Certes, c’est un set acoustique, mais Asaf Avidan n’a aucun mal à retenir l’attention, provoquer la surprise, l’émotion. Il parvient à donner une puissance et une énergie rare dans ce type de prestation.

Arrivé à la troisième chanson, le public semble d’ores et déjà conquis, entre applaudissements plus que généreux et regards étonnés. Guitare à la main, harmonica à la bouche, un peu comme un Dylan moderne, Asaf Avidan va nous proposer alors une version acoustique sensationnelle de Hangwoman, dans un blues rocailleux agrémenté d’une gestuelle énergique : Transporté par sa musique, l’artiste israélien de laisse porter et emporte sans aucun mal le public du Splendid dans son univers

Rejoint par sa violoncelliste, il poursuit avec toujours autant d’énergie et d’émotion, ajoutant cette modestie et cet humour qui permettent d’établir un réel contact avec le public, chose rare lors d’une première partie. Asaf Avidan joue de sa voix dans tous les sens du terme, pratiquant l’autodérision avec parcimonie et honnêteté. Il se laisse même aller à raconter l’histoire de David et Bethsabée, un épisode tiré de la Bible (qu’il lit « just for fun ») pour introduire Out In The Cold (chose rare la encore pour une première partie), ce qui aide à le rapprocher du public, toujours avec une pointe d’humour et une grande modestie (« i’m just a supportive artist, and you must be tired of me already » - plusieurs « Non ! » dans la salle)

La performance se termine dans un concert d’applaudissement avec les excellents The Devil & Me et Lies, où s’expriment une fois de plus le talent scénique d’Asaf et de sa violoncelliste exceptionnelle. Après un salut et un grand sourire,  un « merci, have a nice evening !» et un dernier regard malicieux, le torrent d’émotion cesse, mais l’on se sent comme totalement rechargé et gonflé à bloc par une musique qui vient du cœur, brute et qui  s'adresse à nous directement, simplement, au plus profond de nos émotions. A voir ou à revoir.

Emy