Errance

On fait encore parfois des découvertes intéressantes en arpentant les rayonnages des grands « distributeurs de culture »… l’EP Aqualast est une de ces petites perles rares. Français d’origine, Rover (« errant » en anglais) est un globetrotter : De la famille à New York, il a vécu au Liban avant d’être expulsé suite à l’expiration de son visa. Il s’échoue en bretagne, où il enregistre les quatre morceaux de cet EP à l’ancienne, sur bande magnétique, pour se préserver, dit-il, de la froideur du numérique. Il se revendique héritier des Beatles, des Beach Boys et de Bowie, mais écoute avec plaisir Interpol et les Black Keys. Derrière cette pochette simple, presque terne, comme vieilli par trop de périble, ce cache une musique aussi brillante qu'envoutante.

La piste éponyme qui ouvre cet aperçu sonore est assez déroutante. Une pop vaporeuse, légère, planante, un brin inquiétante… Vient soudain le refrain, et l’ensemble s’éclaire, la voix monte vers des aigus purs et fort agréables. On pourrait retrouver les chœurs chers au Beach Boys dans l’harmonie vocale. L’ambiance sonore nous aspire, nous englobe. C’est finalement un sentiment assez aquatique qui l’emporte : la mélodie coule, et l’on se sent comme flotter dans le vide, emporté par la pureté des vocalises sur fond d’arpèges de guitare et d’un léger synthétiseur…

 Tonight s’ouvre sur un motif de batterie qui évoque les boite à rythme de l’électro, une ligne de basse plus agressive. On retrouve rapidement l’impression de flottement quand la voix s’en mêle, toujours pure, s’envolant toujours plus haut, se faisant lancinante. La répétitivité des pistes instrumentales renforce encore plus cette immersion, au sens propre, dans l’univers musicale de Rover

Changement de décor avec Birds, la troisième piste de l’album. Légère overdrive, le morceau est le plus électrique des quatre. Plus brillant aussi. Ce n’est plus une immersion, mais plus un envol, comme le laisse entendre le titre du morceau.

Enfin, pour conclure, une magnifique (mais bien trop courte…) ballade acoustique, histoire de nous faire profiter de la voix chaleureuse de Rover à la fois planante et envoutante… Un petit goût de trop peu, surement, mais une belle mise en oreille pour l’album à venir, que l’on attendra avec impatience.

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Emy